Poète, Comédienne & Danseuse

Quand partent nos hirondelles
Derrière les jours
le regard clôturé
je couds des ailes
sur mes paupières pour encore te rêver
sous le duvet écumeux des hirondelles
qui interrogent ton absence
dessous la fourrure des hivers
dans l’exil des saisons
Elles s’engouffrent dans le bruit
ces doublures de nos nuits
faisant retentir
la vieillesse des heures que j’ai tuée
à attendre que tu reviennes
Et elles hurlent sauvages
ces hirondelles
me rappelant
l’or pluvieux de mes déluges
et l’encombrement du ciel
sous ta bouche azurée
que je cherche encore à baiser
L’air déchiré de cris
Je prends de l’élan
pour voler sur les gouttes de mélancolie
qui pleuvent entre les bleus
féroces de l’éther
Mais mon visage tombe
dans les bois sans feuillage
la langue sans eau
et la gorge piétinée par nos empreintes
sur des pierres maquillées
Tout se perd
à l’intérieur
dans les frôlements de nos pensées
à réfléchir à un autre côté
à d’autres contrées
Pourtant sous la lune
je saisirai
sous mes rondeurs
des peuples de caravanes
pour héberger tes amours nomades
comme un monde entier de routes
à apprivoiser
Aux creux de nous
sur les bordures
de nos songes grillagés
se déploient
des fragments de nos masques fissurés
Et je me rappelle, hier,
dans nos apparences métissées
les battements de nos corps
s’effeuiller sur les perles des sueurs
leurs ouvertures animales
aux tiédeurs d’incendie
où la nudité de nos désirs
ne se fardaient pas
Quand partent nos hirondelles
mes lèvres enlacent
le reste de nos tendresses avortées
et je cueille
en attendant qu’elles reviennent
mes solitudes en bouquet d’amertume
car il ne reste plus rien
sur les hauteurs de nos noms à escalader
POÈME: Natalia Soreyn
PHOTOGRAPHIE: Ombilik Niko