Poète, Comédienne & Danseuse

Le danger d’être comme une orange
Aujourd’hui révoltée
je jette des pavés
sur l’édifice de mon cœur déjà éclaté
ne reflétant plus
que par morceaux
un miroir d’abîmes
aux instants fragmentés
et je me raconte le danger de t’avoir aimé…
Le danger de nos caresses
à multiplier l’épaisseur de tes bras
l’accolade de mes lèvres
à morceler la géométrie infinie de ta peau
et finir repliée sur moi
dans l’expansion de toi
telle une poupée russe
enterrée sous des étagères
colonisant en cage
ton volatile langage
Le danger d’être segmentée
comme une orange
un fruit transpercé
que par erreur on rempile
et qui gagne en densité…
en intensité…
Je voudrais m’allonger sur un lit de feuilles
la gorge obstruée de terre
et écouter pousser sur les dalles
dans mon silence de cimetière
un jardin de chimères
Je sentirais croître sur mon torse
entre mes seins d’hier
un oranger
bourgeonnant de mélancolie
qui jamais ne refleurira dans cette vie
Et oublier…
Oublier le danger des laisses
que l’on s’était enfilées au cou
ces fidélités ornementales
au serment d’animal
servant à dompter
l’instinct féroce de nos échos...
de nos égos
Émeutière
au crépuscule sans collier
j’erre dans mes dépendances
dans l’irruption du passé
évoquant les râles de mes émotions
que je pensais apprivoisés
Le danger d’attendre…
Le danger de t’attendre… le danger de m’attendre…
plongée dans le noir !
Le danger de revivre
indéfiniment
ce temps
ne voulant pas entendre la dureté de tes mots
qui ne résonne pas au présent…
POÈME: Natalia Soreyn
PHOTOGRAPHIE: Anthez