Poète, Comédienne & Danseuse

Je m’appartiens
Je m’élance sans mouvement
dans le vide
me rejoindre dans les souffles
mugissants des cimes
derrière ce voile étranger
la gorge gonflée de paroles
Et je sens palpiter
sur l’autel où brillent les sommets
mon cœur défiant
étalé sur de pieuses icônes
abandonnant son humeur sacrée
Dressé sur mon corps effarouché
tu avais promis
mais tes incertitudes
soulèvent ma race aérienne
comme un oiseau
en proie à des suspensions instinctives
qui mordent le sang
Dans un bond vers l’indicible
sans amant sous le ventre
pour m’effondrer
je suis pâle d’une mort ressuscitée
je suis ivre d’intimité
sous ma robe de chair
Je consomme dans un élan de feu
des joies adultères avec moi-même
et m’abandonne nue
sur un océan de ciel immaculé
loin du mépris des personnages
aux actes sans vertige
jouant sur les scènes anéanties
de leur théâtre
un amour de tragédie
Et cette désobéissance
soulève mon corps d’animal
ma force m’arrache les flancs
dans un essor de soupir
car sur mon temple ruisselle
mes plaies consolées
Longtemps j’ai étiré
la prunelle de mes doigts
pour ne plus regarder
l’hystérie de ces chiennes
qui accumulent les brèches
sous les tissus de leur peau
Je ne suis plus d’Elles
et je me chante
des berceuses rebelles
pour embrasser mon impalpable bouche
à l’écart du cri carnassier
de tes furies orphéennes
Enfin prête à bondir vers des adieux
je ne suis plus l’esclave
je m’appartiens
toi sans retour
je m’appartiens !
POÈME: Natalia Soreyn
PHOTOGRAPHIE: Ombilik Niko