Poète, Comédienne & Danseuse

Rends ma balle
Tout est calme ici
comme si tout avait cessé d’exister…
Blottis sous un abri de terre
la bouche abreuvée de sueur
à lamper la collision de nos heures
pour inonder nos brèches animales
encore étanches aux morsures
juste avant la brisure…
Tout est calme ici
camouflés sous un terrier de terre
les doigts jumelés
comme pour agripper
les élans de nos ardeurs
aux mouvements de moiteur
lissant nos peaux jusqu’à l’usure
juste avant la brisure…
Puis décimé
le déchirement profane des brames
déferle sur la part de nerfs
des ogres habités
qui déchargent leurs arsenal de mots
trouant le ralle pleureur des gibiers
À l’intérieur des fosses ensemencées
par les éclaboussures de balles
des averses d’étreintes
s’abattent sur la brisure des cachots
pour faire sauter
l’érection de nos peaux
Des ecchymoses à plein poumons
explosent sous les détonations de métal
L’intuition aux abois
ameute les cibles
sur l’accent des filets
harponnées dans le vieux velours
ourlé en lambeaux sur nos anciens jours
Et les courses orageuses
éventrent sous la pluie
nos empreintes laissées dans la boue
la moiteur des sédiments
cimente le palais
trahissant l’armure des carnassiers
sur les museaux d’encens
et l’œuvre de leurs hurlements
J’aurais aimé avant que tu nous chasses
que tu m’entendes te dire « je t’aime »
Il est trop tard
le cor verbal se met à jouer…
HALLALI!
L’heure de la curée émotionnelle a sonnée
éventrant la dépouille
de nos sentiments vénères-râbles
des menaces cannibales
pistent sur la gueule
des bêtes fauves les sifflements
rameutant les proies de chair
pour acharner leur goût
A rendre fou!
« BANG BANG You Shot Me Down!!! »
Des gifles de mitraille
des détonateurs de vandale
se crachent
sur la clairvoyance bestiale des cavales
aux senteurs d’hémoglobine
qui rabattent le sang
et achèvent les plaintes
à coup de barillet
sur le corps naïf
de nos poèmes éventrés
C’est une rafle aux appâts de plombs
des traques en fanfare
qui teintent le nacre des rafales
sur les dépouilles
aux pelages froissés
C’est la clairvoyance des ombres
aux visions cendrées
giflée par des projectiles
qui mordent
les nervures de l’acier
IMPACT !
On lève sa proie
comme on lève l’aurore de son terrier
Attiré par la brûlure de ses rayons
l’amoureux succombe toujours
au mirage de son pénitencier…
La beauté du soleil est une obscène corruption
Et demain dans le ciel
sur le labour de nos ailes
le relent des charognes
aux gueules incisées
encore déguisées
sous la tiédeur de leurs fourrures
iront hurler leur vie
impactée de blessures…
Tout est calme ici
comme si tout avait cessé d’exister…
Seules des cartouches accroupies confessent à la terre
leurs éclats d’hématome coincés dans le cœur
leurs révol(Tes)vers les coups de douleur
chassant l’amour à mort
tapis sous un abri de peur…
J’aurais aimé avant que tu nous crèves
que tu m’entendes une seule fois te dire « je t’aime »
POÈME: Natalia Soreyn
PHOTOGRAPHIE: Gary LM