Poète, Comédienne & Danseuse

À ciel ouvert
Comme à ciel ouvert
mon doigt automnal
trace sur les vitres
des lettres pâles
pour voir comme le monde respire
Entends-tu mon ange le monde respirer ?
Partout
le souvenir sérieux
de nos retrouvailles…
Ailleurs
le pavé délicat
bordé de sereines promesses
au dessous d’un ciel
où gouvernent
dans le silence peuplé d’obscurité
des hirondelles dépareillées
perdues sur le rivage effacé des saisons
J’entrevois
à travers la porte des fissures
et mes yeux
intrusifs
se glissent pour y voir
des portraits figés
dans le ventre des malles bleues…
Des éclipses menacées
à moitié crayonnées
sur le cortège des paupières
et tous ces visages inexistants
spectateurs
de nos voyages endormis
La vie mon ange émane
des odeurs provocantes...
C’est bleu comme l’herbe
et vert comme les étoiles en plein jour
un univers de sable et de cailloux
Alors on éparpille l’ennui sur le sable verni
des grains volés dans les nuits
des dunes d’espoir
ces ruines précieuses
triomphantes dans nos mémoires
qu’un courant menaçant
emportera
comme les sculptures d’eau
et le tourbillon des feuilles mortes
On s’épuise mon ange
à escalader des océans de lignes
dans l’invariabilité des écritures jaunies
en plein désert
On souffle sur la sciure
du bois vermoulu
pour éclairer la poussière
et révéler
des trous plein la tête
qui dévoilent une infinité de soleils
Ce sont des tâches colorées
dans nos souvenirs allumés...
Et l’écume de nos pleurs
déposée sur le galop apaisé des lueurs
qui se perdent désormais
sur le cimetière paresseux des coquillages
caressant le rivage absent
où se meurent nos seuls témoignages
Sur les folies émancipées de nos courses
se trouvent
des corps inertes en mouvement
comme le vol indécent des galets
que l’on jette en pleine rivière
Ce sont des rédemptions impossibles
le poids des simulacres en apesanteur
qui retombent
lourds
dans nos mémoires invincibles
Ce sont des cailloux lancés
contre les révoltes
qui l’œil ouvert
absorbe nos mouvements
C’est comme vivre jusqu’à en mourir
de t’aimer
et regarder s’éteindre doucement le temps.
On surprend en plein éveil
le trait esquissé de nos voix
sur les peaux délicates
recouvertes de nos mots
Et les caresses des paroles
illuminent
nos courses éphémères après l'oubli
où se perdent
nos heureuses mélancolies d’enfant
C’est comme vivre jusqu’à en mourir
de t’aimer
et regarder s’éteindre doucement le temps
POÈME: Natalia Soreyn
PHOTOGRAPHIE: Eddy Dépollier